S’il est difficile de contextualiser l’œuvre de Kafka dans une époque, c’est que sa prose est le symbole d’un homme déraciné des temps modernes. On peut tenter de décortiquer ces divers déracinements par thématiques :
Ah, la famille !
Kafka, c’est d’abord et beaucoup un traumatisme ambulant qui ne sera jamais départi des vicissitudes familiales. Elles aboutiront à la confrontation historique (car tellement universelle depuis l’intrusion de Freud dans l’affaire) au père, immortalisée par la fameuse Lettre au père, sorte de harangue de près de 50 pages démantelant les différents griefs de Kafka contre son paternel. Il restera pourtant la majeur partie de sa vie chez ses parents à trimer pour les soutenir, à éponger leurs nombreuses dettes, et à essuyer les diverses magouilles financières de son père. Ce contexte familial passif agressif, jouant entre amour et répulsion, a largement influencé la création, transfiguré et bien sûr exagéré, de La Métamorphose.
Le bosseur fou
Kafka, c’est aussi le trimeur : celui qui travaillait le jour dans une agence d’assurance pour la santé au travail ce qui lui a valu l’occasion de voyager un peu pour découvrir les machines monstrueuses qui déchiquetaient les employés (on retrouve cette thématique dans La Colonie pénitentiaire), et celui qui écrivait la nuit (ce qui ne manque pas d’alimenter l’aspect mystique et mystérieux de la création diurne). Le travail de jour était pour lui dur et aliénant, réduisant l’employé à la tâche à la chaîne où la sordidité devient quotidien.
Un petit bonhomme suicidaire et taciturne
Du coup, le petit Kafka, bourré de traumatismes comme des tocs venant ponctué sa vie, ne sera jamais sûr de lui, toujours replié sur lui-même, incertain de ses capacités scripturales. Selon lui, Dieu ne voulait pas qu’il écrive. On trouve dans sa prose toute une dimension mythique à travers les thèmes du sacrifice, de l’expiation, du pêché.
Et, par-dessus le marché, malheureux en amour !
Entre mysticisme et perversion, on ne sait également où situer la frontière en ce qui concerne la vie amoureuse de Kafka qui a beaucoup culpabilisé de fréquenter les maisons de passes mais les fréquenter pourtant et qui a toute sa vie été traumatisé par l’échec de ses fiançailles impossibles avec Félice Bower, sans cesse reprises et avortées. 
Kafka et son aura
Lui qui était aussi mystique sur les bords (il faut bien se raccrocher à quelque chose quand tout s’écroule !), ce personnage nihiliste est un des plus grands personnages de la littérature, du genre le petit mec au fond de la classe qui cherchait à être toujours gentil avec les autres et qui se prenait tout dans la tronche, qu’on n’aurait pas remarqué peut-être si son ami n’avait pas trahi sa dernière volonté de brûlé les traces de son passage sur terre.
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