Parce que Yourcenar a une réputation ambigüe : pour beaucoup, c’est un écrivain classique ancré dans le passé, pour d’autres c’est une passionnée subversive et engagée. Parce que même si elle demeure toute sa vie grande défenseuse des minorités, Yourcenar est pourtant la première femme à entrer à l’Académie Française. Parce que c’est un des événements forts de l’année 1981, notamment pour le discours d’entrée qu’elle prononce : discours traditionnellement dévolu à l’éloge du prédécesseur, et dans lequel elle se désigne comme un « moi flottant » portant derrière elle toutes les femmes écrivains qui ne sont pas entrées à l’Académie, leur rendant ainsi hommage. Il paraissait évident de faire un top five « Girl power » (et forcément subjectif) !
5. Madame de Staël est une femme de tête évoluant dans un monde d’hommes (et qui plus est de politiciens et consorts) au XVIIIème siècle. Inébranlable quant à ses valeurs humanistes et sa croyance dans le pouvoir de la littérature. Cela ne l’empêchera pas d’être exilée par Napoléon au début du XIXème, lui qu’elle espérait pouvoir être à la hauteur de ce modèle du monarque éclairé qu’elle n’aura jamais l’occasion de connaître.
2. Camille Claudel était folle ; c’est malheureusement trop souvent ce qu’on retient de cette femme passionnée au point qu’elle a été capable de tout sacrifier. Lorsqu’elle débarque dans les ateliers de Rodin, coureur de jupons invétéré, il n’est pas long à la remarquer, tant pour son talent, qu’il jalouse d’emblée, que pour son charisme. Ils entretiennent une relation passionnée pendant de nombreuses années avant que Rodin ne décide qu’il est l’heure de se ranger et de se réfugier dans le giron de sa femme. Camille ne le supporte pas et signe l’un de ces nombreux exemples de l’art au féminin, au talent pourtant plus prometteur mais dénigré par le patriarcat.
3. Anaïs Nin est l’une des figures féminines les plus subversives de la littérature du XXème, pas seulement parce qu’elle a eu de nombreux amants (et parmi eux des grandes figures littéraires comme Henry Miller et scientifiques comme le psychanalyste Otto Rank, pour ne citer qu’eux), et pas seulement non plus parce que l’un d’eux fut son propre père. Cela ne nous regarde pas. S’il faut surtout retenir une chose de Nin c’est qu’elle fut l’une des premières femmes de lettres à assumer pleinement sa sexualité dans ses livres tout comme dans la vie. Dans le genre, je suis comme ça et allez vous faire foutre.
2. Patti Smith. Pour diversifier un peu notre palmarès et ne pas parler que de femmes de lettres (et bien qu’elle soit avant tout poète), il est incontournable de citer cette grande dame de de la scène rock qui est reconnue même par les plus couillus des rockeurs testostéronnés. Auteur, compositeur, interprète, photographe aussi, Patti a su se démarquer dans cet univers avant tout masculin et ouvrir la voie à de nombreuses chanteuses qui en ont dans le pantalon.
1. Virginia Woolf est l’un des écrivains femmes le plus souvent cité, elle demeure pourtant l’une des figures les plus énigmatiques de la première moitié du XXème. Elle et son mari, Leonard, formèrent très tôt un couple moderne, rien n’aurait pu de toute manière entraver la vocation de Virginia. Avec Léonard, elle forme un couple fondé sur une harmonie intellectuelle et un respect sans bornes. Elle est l’une des premières femmes à parler précisément (en termes de conditions sociales, économiques et pas seulement empiriques) de la condition féminine.