Parce que L’Eté meurtrier est l’un des films les plus dérangeants du cinéma français des années 80. Parce qu’on n’a jamais vu une Isabelle Adjani aussi saisissante que dans ce rôle de femme fatale-enfant en désespérance. Parce que L’Eté meurtrier, c’est l’histoire d’une femme éternellement en quête de la figure paternelle, une quête qui conditionne ses actes et ses pensées pour l’entraîner à la folie. Et parce que, enfant, c’était l’un de mes films préférés, nah ! Voici un top five (donc très subjectif) « A la recherche du père » au cinéma.
5. Big Fish (Tim Burton, 2003). Edward Blum, le père de William, a passé sa vie à raconter des histoires plus mirobolantes les unes que les autres. Depuis longtemps lassé et n’en croyant plus un mot, William aimerait pouvoir enfin avoir un contact direct avec son père, connaitre la "vraie" histoire de cet homme avant que son père ne meurt. Peu à peu, il se demande pourtant si les récits, soit-disant fictifs, de son père n’ont pas plus de force et de pouvoir symbolique que le passé "réel". Car, d'abord, comment rendre compte de ce qui s'est vraiment passé sans forcèment inventer un peu, combler les vides de la mémoire et ne plus percevoir que ce qui a été, au long des années, bonnifié? Et si le père qu’il croyait ne pas connaître ne lui est pas si inconnu?
4. Le bâtard de Dieu (Christian Fechner, 1993). Il ne faut pas croire qu’il n’y a que les petites filles ou les femmes traumatisées qui sont à la recherche de la figure paternelle, je tenais à citer ce film très méconnu qui retrace l’histoire de Justinien Trouvé. Comme son nom l’indique Justinien est trouvé aux portes d’un presbytère et placé sous la protection d’une famille aimante qui l’élève comme son fils. Rappelé à son devoir envers l’Eglise qui est subvenue à ses besoins primaires (mais non sprirituels!), c’est alors que Justinien s’insurge contre les forces opprimantes de la religion et le poids écrasant de l’abandon d’un père.
3. Goodbye Lenin (Wolfgang Becker, 2003). Bien que le sujet principal du film ne soit pas la quête du père, c’est pourtant toute la base de ce film : la disparition (abandon volontaire ?) d’un père de l’autre côté du mur de Berlin qui resserre les liens entre Alex, Ariane et leur mère qui se voue dès lors à la cause du parti socialiste. Des années plus tard, alors que sa mère est mourante et que le mur s’effondre durant son coma, Alex décide de maintenir le monde socialiste qu’elle a toujours connu et de lui cacher la réunification allemande. Mais il n’est pas le seul à aimer les cachoteries et découvre comment son père a véritablement été évincé de sa vie.
2. L’Eté meurtrier (Jean Becker, 1983). Eliane, appelée simplement « Elle » dans le village, se pavane en mini-jupe et use de son charme pour obtenir ce qu’elle veut des hommes. Recueillie par Pin Pon qui finit par l’épouser, la jeune Elle s’avère beaucoup moins fatale et beaucoup plus fragile qu’il n’y paraît. Un traumatisme hérité de sa mère semble contraindre cette jeune femme à vivre éternellement le cauchemar d’une petite fille coincée dans un corps de femme et reniée par son père avec lequel elle n’a pas hésité à recourir à la violence. Mais les apparences ne sont pas si simples.
1. Elisa (Jean Becker, 1995). Témoin du suicide de sa mère (et victime de la tentative de meurtre de sa mère sur elle) à trois ans, Elisa grandit à la DDASS rongeant son sentiment d’incompréhension, de révolte, apprenant la chaparde et les diverses façons de se faire une place dans un monde brutal. A la veille de ses dix-huit ans, elle décide qu’il est temps de savoir, à la majorité elle connaîtra de toute façon sa véritable histoire. Retraçant l’histoire de ses parents, questionnant le geste de sa mère, elle remonte le fils du temps pour retrouver son père et lui faire payer la souffrance et le désespoir qu’il a laissés derrière lui.