En parlant de physique, pourquoi on parlerait pas aussi un peu de gonzesses ? Parce que, dans ce domaine (comme partout !), y en a aussi qui ont fait de grandes choses. Bizarrement, ce sont pas elles qui ont les pages Wikipédia les plus achalandées – et certaines en ont même pas du tout !
C’est le cas de Thérèse Dupeyron… Et de son mari René (Planiol, pardon pour la blague), physicien de talent, qui a travaillé avec elle sur le développement d’un dispositif de cartographie isotopique cérébrale.
Mais reprenons depuis le début.
Enfant de l’Assistance publique, Thérèse n’en a pas moins la niaque. Malgré une scolarité primaire brillante, on lui refuse les études de médecine : des études trop longues pour une pupille de l’état, et puis, médecine, c’est pas pour les filles ! Qu’à cela ne tienne, elle obtient une licence de sciences (1933) et accepte un poste à l’Assistance Publique. Elle y découvre d’ailleurs son dossier : père inconnu, abandonnée (à 3 mois) par sa mère qui avait déjà trop d’autres charges.
Parce que finalement, une femme médecin – même femme – c’est mieux que rien en temps de guerre, elle accède à la médecine et soutient sa thèse auprès de Robert Debré, un des fondateurs de la pédiatrie moderne. Thérèse écrit sa thèse Etude des troubles de la perméabilité méningée au cours des méningites tuberculeuses à l’aide du sodium radioactif.
Devenue chercheuse à l’INSERM et biologiste des hôpitaux à la Pitié, elle met en place les bases de la gamma-encéphalographie et de l’écho-encéphalographie ultrasonore (ça va, vous suivez toujours ?). 
En 1967, elle est la première femme professeur agrégée de France (physique médicale) (eh ouais, quand même !). 
Elle débarque à Tours (1968), regroupe médecins, pharmaciens, physiciens et ingénieurs (melting-pot diversifié assez rare à l’époque) pour fonder une équipe de biophysique surnommée « l’équipe de martiens ». Parmi eux : Léandre Pourcelot, pionnier du doppler en Europe et de l’échographie temps réel. Ensemble, ils cherchent à développer des techniques d’exploration fonctionnelle (imagerie médicale). En 1970, Thérèse inaugure le Service d’explorations fonctionnelles par méthodes physiques, à l’origine de trois services en médecine nucléaire et ultrasons, toujours actifs au CHU de Tours.
En 2005, elle crée sur ses propres fonds la « Fondation Thérèse et René Planiol pour l’étude du cerveau ». À ses heures perdues (si si, il y en a eu quelques-unes, entre 1h15 et 6h45 !), elle fait des recherches généalogiques sur ses origines, se passionne pour la poésie et la musique, et publie notamment son autobiographie, Une femme, un destin et un essai, Herbes folles hier, femmes médecins aujourd’hui. Elle meurt en 2014, juste avant son centenaire.
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