Il existe un nombre incalculable de chansons, plus ou moins explicites, qui font référence à l’univers d’Alice au pays des merveilles, mais certaines ont été ignorées. "Lucy in the sky with diamond" est de celles-là. 
Longtemps interprétée comme une simple parabole d’un trip sous hallucinogènes, notamment à cause des initiales L.S.D. qui transparaissent dans le titre, elle dresse pourtant un univers beaucoup plus enfantin. La chanson s’ouvre sur une forme de comptine de boîte à musique pour transposer la vision d’un enfant sur le monde : une féérie, des couleurs éclatantes, images absurdes et apparitions magiques se succèdent.
Les premières paroles annoncent d’ailleurs la portée de la chanson : « Imagines-toi ». Il s’agit d’une plongée dans un monde imaginaire et onirique, à l’instar des aventures d’Alice qui ont bercées l’enfance de Lennon et McCartney. 
Les métaphores relèvent des souvenirs de l’enfance : des cieux en marmelade, des chevaux à bascule, des gâteaux à la guimauve... 
« Suis la en descendant vers un pont près d’une fontaine » : invitation au voyage donc mais pas nécessairement de ces voyages qu’on nomme à l’époque « trips » et qui renvoient au voyage hallucinogène, mais bien un voyage féérique et enfantin où tout est émerveillement, découverte, rêve éveillé.
Difficile de ne pas voir dans la fille aux yeux kaléidoscopiques une représentation d’Alice, cette enfant visionnaire dont les yeux voient plus loin, plus profond, plus coloré et plus beau le monde à travers ses rêves.
Inspirée à Lennon par un dessin fait par sa fille dont elle lui fournit le nom, "Lucy in the sky with diamond" est sans conteste dans la lignée de cette forme de nostalgie infantile qui auréolait déjà l’album Sgt. Pepper avec « Strawberry fields forever » (référence aux champs de fraise qu’a connu Lennon dans son enfance) et « Penny Lane » (regard nostalgique de Paul sur son enfance dans la rue du même nom), deux chansons qui, bien qu’elles ne fassent finalement pas parties de l’album, ont ouvert la voie. 
Ce sont d’ailleurs les deux premières chansons à être écrites lorsque les Beatles décident de s’enfermer dans les studios d’Abbey road pendant six mois pour enregistrer ce qui deviendra le (toujours) numéro un parmi les 500 plus grands albums de tous les temps du magazine Rolling stone.

Références :
Hanly, Francis. Sgt Pepper’s musical revolution. 2017. 59 min
Beatles. Sgt. Pepper’s lonely hearts club band. 1969. EMI
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