St Ex a toujours été un grand curieux. Petit déjà, il imagine et construit une bicyclette volante qui ne volera jamais. Il s’intéresse tôt à l’aviation bien sûr mais aussi à la mécanique et à la physique appliquée.
En 1938, par l’intermédiaire d’une amie commune, St Ex rencontre René Planiol (1900-1979), ingénieur, physicien et mathématicien à qui l’on doit notamment (en collaboration avec sa femme médecin, Thérèse Planiol) une instrumentation qui permit la détection des tumeurs cérébrales par radio isotopes. S’ensuivent des années d’amitié et d’échanges épistolaires dans lesquels Planiol et St Ex discutent philosophie et technique. La physique intéresse beaucoup St Ex, il y recourt d’ailleurs fréquemment, par l’image, pour décrire ses idées théoriques.
Dans le brouillon d’une lettre de 1942 qu’il n’a vraisemblablement pas envoyé à René, St Ex lui parle de son livre en cours (Pilote de guerre) et analyse surtout l’importance des concepts pour comprendre le monde. Selon lui, les phénomènes apparaissent d’abord à l’Homme de façon incohérente et il faut alors mettre en place des concepts pour parvenir à les saisir. A l’aide de l’image d’une carafe, il explique à René la relativité de la connaissance. Pendant quelques années, les deux amis réfléchissent ensemble à la création de dispositifs radars pour les avions et sur une technique de repérage de bombes.
Il faut dire que le René Planiol en question est un touche-à-tout : en 1920, il travaille à la radiotélégraphie militaire, il est admis au laboratoire de physique de l’Ecole Normale et il passe une licence de mathématiques en parallèle. Il est ensuite chercheur en physique appliquée et œuvre dans différents domaines : signaux électromagnétiques, mécanique, mesure du temps, production des ions et luminescence, etc. Il côtoie de nombreuses personnalités de son temps tel que Einstein et Oppenheimer (père de la bombe atomique). Et sa femme, Thérèse Planiol, elle aussi, devient rapidement une personnalité forte, dans le domaine de la recherche médicale, à la pointe de la modernisation de l’imagerie cérébrale.