#Extrait du Shaker, n°12, Christa Wolf
Références : Bowie, David. « Heroes ». Heroes. RCA, 1977. 6 minutes.
Inspiré par la mouvance krautrock (genre de l’Allemagne de l’ouest issu du rock progressif avec des accents gothiques et punk), Bowie s’installe à Berlin, et c’est secondé par son pote Iggy (Pop, pote de frasques saucées aux drogues dures mais aussi allié créatif), que Bowie signe en 1977, « Heroes » et son album éponyme, deuxième volet de sa trilogie berlinoise avec Low et Lodger. « Standing by the wall, and the guns shot above our heads, and we kissed as though nothing could fall. And the shame was on the other side. Oh we can beat them for ever and ever. » (Debout à côté du mur, les armes tirant au-dessus de nos têtes, nous nous embrassions comme si rien ne pouvait nous faire tomber. La honte était de l’autre côté. Oh, nous pouvons les battre encore et pour toujours). « Heroes » prône la force et la volonté de la jeunesse berlinoise vivant à l’ombre du mur, une jeunesse que rien ne pourra quant à elle démolir.
Les deux premiers albums de la trilogie berlinoise de Bowie tracent une histoire subjective de la ville. Low est un album étrange, presque cosmique, imprégné des retombées de la seconde guerre mondiale (notamment la très glauque « Warszawa », c’est-à-dire Varsovie), dans lequel Bowie expérimente la technique du cut-ups de Burroughs (découpage des paroles écrites à l’aveugle pour les dispatcher dans les différentes chansons). Avec Heroes, c’est donc l’Allemagne des années 80. On en connaît trois versions : en anglais, en français et en allemand (parce que David, quoiqu’en disent désormais les anglais, c’est un humaniste et un européen avant tout). Lodger, quant à lui, est moins charismatique et peut-être moins expérimental.
Toujours est-il qu’avec « Heroes », Bowie signe une des chansons mythiques de la décennie 80’s. Elle constitue d’ailleurs la toile de fond mémorable de l’adaptation du Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée de Uli Edel, sorti en 1981, dans lequel « Heroes » est le symbole d’une génération paumée, vacillant entre constatations négationnistes du monde, instabilité culturelle et économique, et fuite dans la drogue (à l’instar peut-être aussi des années berlinoises de Bowie).