Les romans de Murakami ont pratiquement tous, comme tout bon film qui se respecte, leur bande son, et souvent plutôt badass’. Si Murakami a une préférence pour le jazz, ce que j’aime aussi dans son univers littéraire c’est qu’il s’intéresse à tous les styles musicaux, du classique au rock en passant par le folk et la pop ; ses connaissances sont aussi étendues que sa curiosité. "Je n'ai pas appris les méthodes de l'écriture de la prose de quelqu'un d'autre. Je les ai acquises grâce aux rythmes, harmonies et improvisations propres à la musique" (FranceTVInfo), a-t-il dit lors d’une émission radio qu’il a animée récemment.
Le narrateur de La Course au mouton sauvage écoute des vinyles de jazz des années 50 dans sa cabane recluse au fin fond de la montagne. Rayon Jazz (1992), roman qui se déroule dans le Harlem des années 20, Toni Morrison s’y connaît pas mal aussi: elle lui emprunte ses longues envolées d’improvisation ininterrompue. Ça donne un texte dense avec peu de paragraphes, des phrases sans fin et un rythme swing. Autre grand amateur qui en écoutait, en jouait et donnait une toile de fond jazz à ses romans : Boris Vian bien sûr.
Murakami n’est pas contre quelques petits airs de musique classique, et notamment de piano, qu’entend la nuit le jeune garçon de Kafka sur le rivage. Ne citons que Nancy Huston qui est l’un des auteurs contemporains qui rend le plus hommage au genre notamment dans Les Variations Goldberg (1981) et Instruments des ténèbres (1996), construit sur les mouvements d’une composition classique.
Ça n’empêche pas Murakami d’apprécier aussi la pop, mais de la bonne pop s’il-vous-plaît : les Beach Boys dans Ecoute le chant du vent (1979) ou encore les Beatles puisque Norwegian Wood (La Ballade de l’impossible, 1987) est une de leur chanson. Groupe auquel rend hommage aussi Lars Saabye Christensen dans Beatles (1982) avec ses quatre personnages réunis par leur passion pour le groupe. Et bien sûr, qui dit bonne pop dit aussi bon rock et là, y’a une floppée de groupes cités dans les romans de Murakami. Notamment, tiens, Radiohead dans Kafka sur le rivage. Du Radiohead aussi pour le personnage de Chaos calme (Sandro Veronesi, 2005) qui croit déceler dans les chansons du groupe diffusées par son poste de radio des signes des messages de sa défunte femme.
Et dans le genre romans avec bande son comme Murakami, l’auteur anglais Nick Hornby remporte la palme puisque chacun de ses romans est accompagné d’une multitude de chansons : le narrateur, d’ailleurs disquaire, de Haute fidélité (1995) dresse la liste de ses meilleures chansons de rupture pour sortir de la sienne, Juliet Naked (2009) et son musicien has been, et souvent du rock comme dans La Bonté : mode d’emploi et son pitch « Du rock, du foot, des filles et du mal à grandir ».

Bibliographie
Culturebox (avec AFP). « L'auteur japonais Haruki Murakami anime pour la première fois une émission de radio ». Mis à jour le 06/08/2018 à 17H00, publié le 06/08/2018 à 16H58. https://culturebox.francetvinfo.fr/livres/romans/l-auteur-japonais-haruki-murakami-a-la-tete-d-une-emission-de-radio-277587
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