[variation autour de Peter Guralnick]
Comme le dit Peter Guralnick à plusieurs reprises dans ses ouvrages, la musique, ce sont aussi les dénicheurs de talents qui se lancent le défi (et s’y tiennent) de révéler l’art des musiciens : les producteurs, comme Sam Philips qui monte le Sun Records (LE label incontournable du blues du sud dans les années 50-60) par exemple. En littérature aussi, il y a des gens qui cherchent encore à défendre des idées culturelles avant de faire du chiffre.
La collection « Rivages rouge » (éditions Payot & Rivages) a pour objectif de donner la parole à ceux qui ont fait (et, il faut y croire, font encore) la contre-culture (=rebelles, agitateurs, penseurs, ou tout simplement des gens qui, intègres, tiennent à vivre tels qu’ils le désirent). Témoin des mouvements socio-culturels qui ont su remuer les idées figées pour nous les faire voir sous un autre angle.
C’est l’histoire musicale qui est convoquée pour mettre en lumière toute l’effervescence d’un moment d’Histoire : hippies, bluesmen, underground new-yorkais, punkeurs londoniens, rappeurs, musiciens électro, etc. "Rivages rouge" part de ce constat que partage Guralnick : la musique n’est pas un simple divertissement, elle porte en elle toute la puissance d’une époque, que ce soit celle d’hier ou d’aujourd’hui.
Leur accroche : « « Quand les temps deviennent bizarres, les bizarres deviennent pros » aimait à répéter Hunter S.Thompson, qui savait de quoi il parlait. » (site Payot & Rivages).
Avec une petite cinquantaine de livres à son actif, cette collection rassemble des biographies (Tom Waits, Miles Davis, Muddy Waters, Frank Sinatra, Andy Warhol, Bob Dylan, David Bowie, etc.), des reportages sur le terrain (les livres de Guralnick par exemple, mais aussi Apathy for the Devil de Nick Kent), des essais d’histoire de la musique (33 révolutions par minute) et des essais socio-historiques (Hippie hippie shake, Fargo rock city, Ici Londres !) ; des textes essentiels et de qualité qui font vivre la contre-culture inside, soit par ceux qui l’ont vécue soit par des passionnés qui font revivre au fur et à mesure des pages l’esprit de toute une génération.
Des mouvements socio-musicaux souvent moqués, parfois ignorés, lorsqu’ils battaient leur plein, et qu’on regarde aujourd’hui avec une certaine nostalgie : car, et nous, où est notre contre-culture ? Et on est-on, petits français, dans tout ça ? Ne serait-il pas temps de trouver nous aussi notre tempo ? On parvient toujours mieux à analyser le passé, le présent demeure opaque jusqu’à ce que nous finissions par le regretter : tu te souviens, c’était seulement il y a quelques années, mais c’est déjà fini et c’était pas si mal que ça en fait…
« La glorieuse histoire et l’avenir radieux des rebelles de tout poil s’écrivent désormais en rouge, volume à fond ! » (site Payot & Rivages).