Ah, la nostalgie de l’enfance, ce temps de l’insouciance, de la simplicité et de la vitalité ! Thème qu’on retrouve souvent dans nos livres, sur nos écrans, miroirs de nos peurs d’hommes mortels.
Car les enfants semblent être clairvoyants. Ils sont d’ailleurs les seuls à identifier Sam Beckett (Code quantum) à l’intérieur du corps qu’il a investi. C’est même fascinant, ça nourrit une forme de jalousie : c’est pour ça que Krank, le vieil inventeur obsédé par la peur de vieillir, tente d’y remédier en volant leurs rêves (La Cité des enfants perdus).
D’autres choisissent des méthodes plus simples pour regagner leur enfance : le truchement de la mémoire. C’est le cas bien sûr de Marcel Pagnol et de sa trilogie Souvenirs d’enfance, émue et sentimentale. Ou c’est un souvenir plus violent d’une mère tyrannique pour le Hervé Bazin de Vipère au poing. Ou comme pour le Georges Perec de W, ou le souvenir d’enfance mêlant souvenirs naïfs et mémoire de la déportation familiale. Une mémoire parfois difficile à retrouver comme la Nathalie Sarraute d’Enfance.
L’enfance, on y revient toujours. Par procuration, comme Michaël Jackson qui fait de sa ferme le « ranch de Neverland ». Par l’esprit, pour Ally McBeal revivant en flash-backs constants son amour d’enfance avec Billy, ou encore le flash-back originel de Ned (Pushing daisies) quand il découvre, aux dépends de sa mère, son don magique : un contact ressuscite, le deuxième tue définitivement.
Et puis, en parlant de magie : il y a ceux qui y retournent carrément !
Soit ils ré-attérissent dans l’époque et le lieu de leur enfance comme Martin Sloan dans l’épisode « Souvenirs d’enfance » de Twilight zone (Saison 1, épisode 5) qui se retrouve face-à-face avec le gamin qu’il était à 11 ans. Il y a aussi le Peter Pan de Hook qui, devenu vieux et pataud, doit retourner dans le pays imaginaire sauver ses enfants du capitaine crochet et réapprendre à voler.
Soit ils jonglent carrément entre corps d’enfant et d’adulte : Josh transformé du jour au lendemain en adulte, Allan Parish, aspiré par un jeu maléfique, qui grandit dans la jungle du jeu avant de revenir dans son époque, avec vingt ans de plus, puis redevient le petit garçon qu’il était, une fois la partie terminée. Et il y a le (presque) cinquantenaire de Quartier lointain qui réintègre carrément le corps de ses quatorze ans, tout comme Camille, dans Camille redouble qui revit les derniers instants passés avec sa mère et la rencontre de son premier amour.
La conclusion est unanime: l’enfance, c’était bien, mais la revivre? Non, elle est bien où elle est: passée, dans les souvenirs, bien au chaud. Comme le dit le père (du passé) de Martin Sloan dans Twilight Zone : « Tu n’as pas bien cherché peut-être. Tu avais les yeux tournés vers le passé, fais face à l’avenir ».

Bazin, Hervé. Vipère au poing. 1948.
Donald P. Bellisario. Code Quantum. 1989-1993.
E. Kelley, David. Ally McBeal. 1997-2002.
Fuller, Bryan. Pushing daisies. 2007-2009.
Jeunet & Caro. La Cité des enfants perdus. 1995
Johnston, Joe. Jumanji. 1995.
Lvovsky, Noémie. Camille redouble. 2012.
Marshall, Penny. Big. 1988.
Pagnol, Marcel. Souvenirs d’enfance. 1957-1960.
Perec, Georges. W. ou le souvenir d’enfance. 1975.
Sarraute, Nathalie. Enfance. 1983.
Spielberg, Steven. Hook. 1992.
Sterling, Rod. Twilight zone. 1959-1983.
Taniguchi, Jiro. Quartier lointain. 1998.
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