Genre musical et cinématographique apparu dans les années 60, l’opéra rock a une définition simple : album de rock dont les chansons fondent une (ou des) histoires (plus communément appelés album-concepts) ou comédie musicale ayant pour BO des chansons rock. Comme j’aime les deux, un petit point subjectif sur la question. D’abord, les « concept album ».
Y a ceux qui cumulent et qui ont – outre l’habituelle BO du film – travaillé aux deux formats. Discovery (Daft Punk, 2001) et son film d’animation Interstella 5555: The Story of the Secret Star System (Kazuhisa Takenouchi, 2003). Tommy (The Who, 1969) dont le film (Ken Russell, 1975) est des plus oubliables. The Wall (Pink Floyd, 1980) qui, orchestré par Alan Parker et dessiné par Gerald Scarfe est un double chef d’œuvre, et l’une des œuvres majeures du genre – euh, est-ce que je vous aurais déjà parlé de Pink Floyd par hasard… ?
En parlant de Pink Floyd d’ailleurs, la scène rock progressive (fusion du rock avec à peu près tous les genres) depuis les années 60 est LE domaine incontesté du concept album. En même temps, avec des morceaux qui font minimum 10 minutes, on a le temps d’en raconter, des histoires ! Mais tous ne tiennent pas aussi bien la route que l’un des premiers : In the Court of the Crimson King (King Crimson, 1969) et son roi cramoisi servi par la plume poétique de Peter Sinfield, constat d’un hippie désenchanté par un monde qui voit la guerre du Vietnam et la violence au premier plan.
Digne héritier du rock prog, Steven Wilson a signé un album magistral The Raven That Refused to Sing (2013) dont chaque chanson raconte l’enfer intime d’un personnage face à ses démons intérieurs. Le suivant Hand. Cannot. Erase. (2015) part d’un fait divers (le corps de Joyce Vincent qui n’est retrouvé que trois mois plus tard dans son appartement) pour faire de l’exofiction autour de ce personnage. Du côté hard rock prog, c’est Iron Maiden, bien sûr, qui lance la vague avec Seventh Son of a Seventh Son et son histoire inspirée du livre fantasy d’Orson Scott Card. Du côté trip hop (et parce qu’il est toujours dans les parages), il y a Damon Albarn et son groupe virtuel, Gorillaz qui signe Demon Days (2005) autour de la perte de l’innocence, la guerre en Irak et le désastre écologique.
D’autres sont beaucoup moins sombres, rassurez-vous : Queen, avec sa pêche habituelle, signe A Night at the Opera (1975) et son « Bohemian Rhapsody », les Beach boys avec Pet Sounds (1966) - ou devrais-je dire Brian Wilson, sa mégalofolie jouissive et sa bande de suiveurs -, les Beatles avec Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (1967). Les frenchies se font paradoxalement plus rares pour raconter des histoires mais il y a Starmania (Michel Berger, 1978) et la Ballade de Melody Nelson (Gainsbourg, 1971), cette adolescente victime d’un accident de voiture, d’une idylle et d’un crash d’avion.
J’aurais pu aussi citer David Bowie (Ziggy Stardust), Moody blues (Days of the Future Passed), Radiohead (O.K. computer) - hop, ils sont placés ceux-là ! -, mais j’ai plus la place, hein ?
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