1965, lors du Newport festival, Dylan se fait sévèrement huer. Est-ce parce qu’il présente une nouvelle facette de son univers ? Plus électrique ? Moins traditionnel ? Ou parce qu’elle présente des chansons moins engagées ?
Pourtant, l’histoire de ce festival partait bien pour être le lieu de la tolérance et des expérimentations. Suspendu pendant deux ans, il renaît en 1962 sous l’impulsion de Wein, Theodore Bikel et surtout Pete Seeger. Grand ponte du folk traditionnaliste, il impulse du renouveau en proposant un système communautaire : les plus gros artistes financent ceux qui sont moins connus. Et puis, le festival ne se construira pas que sur des grosses scènes mais aussi sur des ateliers autour d’instruments (guitare, banjo, …) ou de thématiques (freedom songs, thèmes d’actualité, …). Participent les artistes qui le désirent pour offrir au public (et se payer une bonne tranche) de musique collaborative.
L’idée séduit les amateurs de folk comme les plus jeunes, moins élitistes, puisque se mêlent donc ancienne folk et revival.
1962, 63, 64, c’est l’utopie. Une ambiance profondément humaine, des partages enrichissants. Public et artistes en ressortent des étoiles plein le cœur et les yeux.
Mais, aucune utopie ne dure. Et lorsque Dylan présente en 65 son nouveau travail – comme une pierre de plus à son édifice -, public et artistes ne sont plus prêts à l’ouverture - car l'ouverture oui, si elle reste cantonnée dans leur système à eux. Dylan est hué jusqu’à ce qu’il revienne finalement avec une guitare acoustique pour entreprendre vite fait trois morceaux plus old school et quitter la scène les larmes aux yeux.
Il paraît même que Seeger, lui si admiratif de Dylan jusque-là, comptait couper les câbles électriques des instruments de Dylan et de son groupe avec une hache. La légende a fait le reste.

Références :
Wald, Elijah. Bob Dylan électrique : Newport 1965, du folk au rock, histoire d’un coup d’état. Paris : Payot et Rivages, collection « Rivages rouge », 2017. 340 p.
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