Titres musicaux
20 novembre 2005
Me voici maintenant devant cette feuille à laquelle je ne sais que dire. J’ai réuni un paquet de belles feuilles, des stylos qui glissent vite en se couchant sur le papier mais j’en reviens encore à cette question : que vais-je écrire ? Je ne parviens pas à rassembler mes pensées pour en faire un tout compact. D’abord, il faudrait trouver un titre, une dénomination. Une chose ne peut naître sans avoir un nom.
Toute relative que soit cette entrée de journal très - dirais-je - « mignonne » - pour ne pas dire autrement -, elle me souvient que le titre a toujours été pour moi un p’tit outil récurrent. Lorsqu’émerge une idée de livre, je trouve dans les jours suivants le titre correspondant, et il est rare qu’il change par la suite. Le titre semble permettre la cristallisation de la ligne directrice du livre, sa problématique.
Le titre de mes livres est bien souvent un emprunt à la musique, comme un hommage à une chanson que j’aime mais aussi une façon de placer le livre sous son influence, et afin qu’elle constitue sa bande son principale, colorant tout le roman.
Ça a été vrai pour Wish you were here qui, un temps, s’est appelé « Shine on your crazy diamond », une autre chanson du même album de Pink Floyd, Wish you were here. Il a pris rapidement ce titre non seulement parce que j’écoutais à l’époque cette chanson en boucle, mais aussi parce que ses paroles sont devenues omniprésentes dans le cœur du roman et vite évidentes. 
Tous ceux qui me connaissent savent la passion que j’ai pour la musique des Pink Floyd, véritable fondation du rock mais aussi OVNI. Les paroles et les vibrances de certaines de leurs chansons m’ont tellement façonnées que c’est tout naturellement que leur musique a investi mon artisanat. Ce sont toujours en tout cas des chansons que j’écoute en boucle lorsqu’émerge l’idée du livre.
28 août 2013
Idée titre prochain recueil : « Echoes » (Pink Floyd)
> Échos que nous retrouvons chez les autres, proches ou lointains
> Éternel retour
> Échos des troubles de l’enfance dans la vie adulte
> Influences des personnes entre elles : partage
25 septembre 2014
Quand sera-t-il du titre ? J’ai bien envie de continuer sur ma lancée de titre-chanson.
16 décembre 2014
Et quant au titre, je n’arrive toujours pas à me décider entre Echoes et Fragmentée. Un des deux en tout cas, c’est certain, ces deux titres me suivent depuis quelques temps déjà.
14 mai 2015
[…] en général, c’est lorsque vient le titre que les choses s’éclaircissent […].
Ainsi Echoes m’est apparu de façon nette en écoutant la chanson du même titre dans un train TER entre Poitiers et Tours au retour d’une formation. Je ne m’étais d’ailleurs pas rendue compte que mes écouteurs, étant mal branchés, tout le wagon profitait de ma musique. Puis le passager de devant s’est tourné vers moi d’un air furieux. Et c’est aussi sous l’influence de cette chanson écoutée en boucle et de celle de la lecture de Vers le phare de Virginia Woolf, qu’est née la fin du livre, peut-être même avant le cœur du roman, mais en tout cas après l’incipit.
2 août 2015
Ce carnet arrive donc à sa fin avec cette idée d’ouverture et de potentiel actif mais pas encore accouché. J’aimerais finir ce carnet en trouvant un titre à ce nouveau projet. Une chanson assurément ou en tout cas émettre des propositions : « Atom heart mother », « Obscured by clouds », « One of the few », « Party sequence ». Des chansons de Pink Floyd bien entendu. « Atom heart mother » me paraît le plus approprié : cette idée du cœur de l’atome mère… Et c’est une chanson sans paroles comme la relation à la mère. Toujours silencieuse, féminine et donc instinctive.
Rayon Pink Floyd, je ne crois pas avoir dit mon dernier mot puisque je travaille depuis un moment déjà sur le roman Atom Heart Mother. J’aimerais d’ailleurs, quant au rythme de la narration, suivre celui de la chanson, mais nous verrons.
Encore de la musique avec Sitting in a dream, chanson qui apparaît sur l’album de Roger Glover and the Butterfly Ball, trop peu connu, si ce n’est pour sa chanson phare « Love is all ». Mais « Sitting in a dream » est, sur cet album, une envolée onirique douce et transcendante, que j’ai bien sûr écouté en boucle au moment de l’écriture de ce roman. Et le lien m’avait semblé évident avec ce personnage qui, assis sur un banc toute la journée, écoute les histoires des passants, comme assis au bout milieu d’un rêve, immobile.
Quant aux autres livres, pas d’inspiration musicale ? Si, mais pas dans le titre. Les essais semblent avoir leur propre gamme et leurs titres manquent peut-être de lyrisme, mais sont clairs pour le lecteur.
Une bande-son pour chaque roman
Si le titre Fantômes n’est pas inspiré d’une chanson, c’est tout le roman qui, dès ses premiers instants, en est imprégné.
8 février 2005
Pour chaque histoire, je prendrais appui sur une chanson, comme « Peeping Tom » de Placebo, pour « Le Voyeur ».
Je n’ai jamais pu trouver d’autre titre à Fantômes puisqu’il s’est toujours, quelle que soit sa forme et l’époque, intitulé ainsi.
14 octobre 2014
Dans le bus tout à l'heure en écoutant de la musique – c'est fou comme ces deux éléments réunis (le mouvement passif et la musique) me préparent à la réflexion ! - j'ai écouté les chansons qui m'ont inspiré de nombreuses scènes dans Wish, tout comme hier, je me suis remise à écouter les chansons qui m'ont inspirée pendant le premier jet de Fantômes. Et j'ai vu que souvent mon moi-écrivain, qui a déjà quelques idées de récits flous en tête, s'illumine tout à coup à l'écoute d'une chanson qui, alors que je l'écoute souvent, cette fois, crée devant ses yeux une scène complète. 
La musique lui offre l'envolée émotionnelle dont elle avait besoin et instinctivement – ou c'est le moi-écrivain qui me le demande sans que j'en ai conscience – je choisis la chanson qui lui donne l'impulsion. 
Je vois à quel point la musique est intégrée dans mon processus créatif et comme, dans les périodes où je suis plus hermétique à la musique, je suis du même coup moins créative.
Hier soir, je réécoutais « Peeping tom » de Placebo qui m'a inspiré la nouvelle « Le Voyeur », m'a donné le contexte émotionnel, sensationnel, à ce que je voulais apporter à ce personnage. Tout à l'heure, j'écoutais « Anyone's gosth » de The National qui m'a inspiré une scène entre Lise et Will, puis « Muscle museum » de Muse qui m'a donné la scène de Wish faisant basculer tout le roman dans un questionnement sur la démence. Et bien d'autres que je n'ai pas le temps de citer… Désormais, lorsque j'écoute ces chansons, elles sont gorgées des scènes que j'ai écrites sous leur influence.
16 novembre 2014
Ce matin, sous la douche, en entendant « Like a hurricane » de Neil Young (scène de Wish que je suis justement en train de réécrire), j’ai pensé à changer mes titres de chapitres en titres de chansons, cette histoire est tellement gorgée de musique et j’aurais encore tant de chansons à intégrer mais ce serait trop.
30 décembre 2014
[…] Je voulais parler de la musique, combien elle est pour moi un défouloir lorsque je sens un trop plein d'émotions qui bouillonnent en moi et se contredisent entre elles, ou lorsque je suis paranoïaque et obsessionnelle, je mets la musique très forte et, au bout de deux chansons musclées, je suis apaisée, vidée ; c'est un processus différent de l'écriture mais c'est de cet ordre.
21 avril 2016
Je me sens portée par la musique aujourd’hui, je pense que je vais écrire sous cette influence en cette fin de journée, notamment Nick Drake que j’écoute beaucoup en ce moment et qui, je crois, correspond très bien à Paul [personnage d’Echoes] dont je continue d’écrire la partie. Allez !
La musique est donc pour moi un outil important. Des références musicales jonchent le sol de chacun de mes livres et le pavent de notes. Ce n’est pas seulement une ambiance ou une allusion par exemple à une chanson qu’un personnage écouterait, c’est plutôt dans le texte même. Certaines scènes sont la mise en scène visuelle et personnelle de certaines chansons écoutées en boucle au moment de l’écriture. D’autres en gardent la trace parce qu’en les écoutant dans mes écouteurs, j’ai visualisé la scène. Et quelques fois, elles sont comme le refrain d’une de mes scènes, revenant à chaque mouvement. Pour autant, je ne peux pas écrire avec de la musique – sauf lors de ces séances d’écriture sous influence musicale – car elle m’accapare trop l’esprit et je ne peux plus me concentrer. La musique est rarement pour moi « juste un fond sonore », elle est tellement pleine de sens et d’échos qu’écrire en musique revient à paraphraser et ne plus avoir mes propres mots.
Back to Top