Dans le paysage américain, Los Angeles est LA ville des contradictions. 
En tout cas, chez Bret, L.A. est le lieu préféré des drogués et des outsiders comme dans Moins que zéro (1985), et il n’est pas le seul à le dire car il y a aussi Tarantino dans Pulp fiction (1994), Nicolas Winding Refn dans le L.A. nocturne et vitré de Drive (2011), et John Fante dans son quartier de Bunker Hill. 
Pour accompagner le tableau, L.A. c’est glauque à souhait avec le « roman noir » de James Ellroy (Le Dahlia noir) et Raymond Chandler (Le Grand sommeil, 1939) qui offrent des portraits du meurtre et de la corruption. 
A L.A., les journalistes sont véreux et corrompus dans la série télé Dirt (Matthew Carnahan, 2007-2008), et quel meilleur décor pour la série des croque-morts de Six Feet Under (Alan Ball, 2001-2005), histoire d’aller jusqu’au fond (de la tombe) ?
Alors, bien sûr, on essaye de nous faire croire que L.A. c’est le faste (et la disproportion, à l’instar du Sunset boulevard de 39 km), le clinquant et la richesse débordante de Hollywood boulevard et de Amour, gloire et beauté (William Joseph Bell et Lee Phillip Bell, 1987-), l’incontournable série contournable qui a pourri nos petits écrans tous les matins aux alentours de 8h dans les années 90. 
C’est aussi le rêve hollywoodien souvent déçu dans La La Land (Damien Chazelle, 2016) : "C'est ça Los Angeles: ici, les gens vénèrent tout mais ils accordent de la valeur à rien". 
Et pourtant, sa scène musicale n’a rien à envier. Dans les années 60-70 : les hippies du Byrds, le psychédélissime des Doors, l'alcoolisé The Champs (et leur chanson "Tequila"), Eagles, Foster the people, Coconut records,... Même si le rap west coast, le heavy metal et le punk rock sont les genres musicaux les plus représentés à L.A., ce fût d'abord l'un des berceaux de la vague psychédélique. 
Ils lui dédient des chansons : « Angeles » (Elliott Smith), "The Mephistopheles of Los Angeles" (Marilyn Manson), "Greetings from L.A." (Tim Buckley). Beck est découvert par un producteur de hip-hop et enregistre son premier album dans sa cuisine. 
Pour tout cela, L.A. est aussi l’une des destinations préférées des road trips américains. « […] des maisons en stuc et des palmiers et des drive-in, tout le bordel loufoque, la rude terre promise, les fantastiques confins de l’Amérique. » (Kerouac. p. 128). « D’un côté, j’aime bien L.A. Ici, j’ai eu plus d’aventures et j’ai appris plus sur le monde que je n’aurais jamais cru possible. […] Mais il y a une différence entre venir ici en visite et y habiter. […] L.A. est comme une autre planète. » (Bret Easton Ellis. p. 170). 
Et pourtant : "Ce qu’il y a de bien avec Los Angeles, c’est qu’on y trouve toujours mille raisons de lui pardonner…" (Amistead Maupin. p. 92).

Références des livres cités :
Easton Ellis, Bret. Zombies. Paris : Ed. 10/18, coll. « Domaine étranger », DL 1998, cop. 1996. 276 p.
Kerouac, Jack. Sur la route. Paris : Gallimard, « Folio », 1972. 624 p.
Maupin, Amistead. Autres chroniques de San Francisco. Paris : 10-18, 200. 384 p.
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