« New York, la ville qui allait façonner mon destin. » (p. 19) Lorsqu’il débarque dans la ville de l’espoir de son Minnesota natal avec l’envie de se faire un nom et la goutte au nez, Dylan zone quelques temps dans ce qu’on appelle alors « le Village ». « Avant d’avoir mon propre appartement, j’ai squatté un peu tout le monde dans le Village. Parfois une nuit ou deux, parfois des semaines, et parfois plus. » (p. 42). Une simple majuscule pour souligner l’importance du lieu qui, dans les années 50-60 est le cœur artistique et bohème de NY où se retrouvent les musiciens pour faire la tournée des bars, jouer quelques sets et récolter quelques pièces. D’abord les chanteurs folk puis les expérimentateurs de la musique rock psychédélique (fin 60’s).
Bob joue alors « [un] vademecum de folk-songs pur jus, accompagnées non-stop par une guitare furieuse. » (p.30). Dylan enchaîne les scènes dans des bars minuscules en sous-sol où s’entasse la jeunesse underground de NY. « Les dénicheurs de talents ne venaient pas dans ces repaires obscurs, confus, inconfortables. On chantait et on passait le chapeau » (p. 29).
Il y avait le Café Wha : « pas d’alcool, mal éclairé, plafond bas » (p. 19) dans lequel se relayent sur scène magiciens, musiciens, voyants, acrobates, et comiques. « [C]’était tout et n’importe quoi. Un patchwork délirant » (p. 21).
Il y avait aussi la « citadelle du folklore nord-américain, elle aussi dans MacDougal Street, entre Bleecker et la 3e. […] Le Folklore Center était la gare d’aiguillage de tout ce qui avait trait au folk.» (p. 31-32). Un bric-à-brac d’objets (instruments, disques, partitions,…), là où il fallait venir pour se rencarder sur le milieu musical folk, dénicher un filon pour enregistrer un disque.
Et il y avait surtout le Gaslight, le premier bar dans lequel Dylan est embauché quand il débarque à NY. « [C]’était la haute autorité de la rue, tout auréolé de prestige. […] le Gaslight ouvrait tôt le soir, et six musiciens se relayaient jusqu’au bout de la nuit. » (p. 27).
Au cours de ses premières années de zone, Dylan fait principalement des reprises de ces artistes qu’il écoutait par le transistor quand il était môme avant de trouver sa voix : « On ne se réveille pas un beau matin en décidant : « Il faut que j’écrive des chansons ». […] Vous voulez en écrire qui soient grandes comme la vie. Parler d’un évènement, étrange ou étonnant, qui concerne la vôtre ou dont vous êtes témoin. » (p. 75). C’est là, en écumant les bars du Village et en secouant son chapeau sous le nez des spectateurs pour récupérer quelques pièces, que la verve Dylanienne naît, lorsqu’il comprend qu’écrire une chanson, c’est transmettre un message de son temps auquel la musique offre une portée universelle.