Et si vous vous réveilliez un matin avec un cheveu blanc – le premier, le fatidique, le premier d’une longue série à venir et imminente ! – dans le reflet de votre miroir, et si de là découlait toute une série d’événements annonciateurs d’une apocalypse, la vôtre et celle du monde entier, tout ça pour un pauvre petit cheveu blanc… ? Et si un jeune homme pénétré par le silence mystérieux d’une jeune fille envoûtante dans un parc décidait d’arrêter lui aussi de parler pour marquer sa différence ? Et si la trentaine vous donnait envie de renouer avec votre pré-adulescence mais que vous étiez trop timide (et trop tributaire des technologies modernes !) pour vous lancer ? 
Mickaël Auffray est passé maître dans l’art de jouer avec les situations qui dérapent d’un instant à l’autre. On ne parle pas chez lui d’inquiétante étrangeté du quotidien mais d’une inquiétante absurdité qui surgit tout à coup dans un quotidien calme (presque un p’tit peu trop trop calme ?), ordinaire et commun dans lequel chacun peut se reconnaître. Il laisse libre-court à ce que chacun peut ressentir en vivant ce genre de situation ordinaire : un rien, une poussière, à peine une nuance pour les autres, mais un événement essentiel pour celui qui le vit et qui voudrait que ça en ait aussi pour les autres. 
C’est aussi une façon pour Mickaël (en tout cas dans la lecture que j’en ai fait) de nous confronter à une certaine forme de solitude sourde du quotidien dans lequel les petits événements de la vie de chacun n’a que peu de poids aux yeux des autres, alors pourquoi ne pas s’en faire des mondes à soi dans sa tête… ?
Et, toujours chez Mickaël, des paragraphes ça et là qui retiennent notre attention par leur pertinence et leur efficacité synthétique : « Si proche à une époque et si loin maintenant… On a tous la trentaine désormais, c’est un peu la vingtaine qui digère la réalité. »
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