Submergée par le nombre de prisonniers « en attente » tandis que les nazis ont déjà trouvé la solution (finale) pour pallier à ce problème, l’armée française de Vichy se voit contrainte de créer de nombreux « camps d’internement » dont beaucoup se situent dans le sud-est de la France. 
Celui de Rivesaltes (à quinze minutes de Perpignan) est créé en 1941 pour accueillir les prisonniers républicains espagnols, les juifs étrangers et les tsiganes. 
Ils sont les « indésirables », ceux dont on ne sait pas quoi faire et qu’on parque là - internés non pour des crimes qu’ils auraient commis mais pour le danger qu’ils pourraient représenter - dans des baraquements de fortune construits en six semaines. 
Les conditions de vie donnent un avant-goût sans concession aux camps de travaux forcés et aux camps d’extermination dont on n’a encore aucune idée à l’époque de l’ouverture de ce camp. En 1942, 9 convois de ces indésirables partent du camp pour Auschwitz et pour ne jamais revenir. 
Grâce au travail acharné d’œuvres d’assistance telles que la Croix Rouge suisse et l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants), la moitié des juifs de Rivesaltes échappent aux convois. L’exposition (été 2017) du Mémorial du camp de Rivesaltes rend d’ailleurs hommage et témoigne de ces nombreux enfants sauvés de l’extermination. 
En deux ans, 17 500 personnes sont internées à Rivesaltes. De 1945 à 1947, le camp devient un centre de dépôt de prisonniers de guerre de l’Axe. En 1962, il est transformé en camp de transit des harkis et de leurs familles. Dans les nombreux témoignages de l’exposition du mémorial, les harkis parlent de l’impression d’une irréalité englobante : ils connaissaient la date de leur arrivée dans le camp mais pas celle de leur départ, et le temps s’allongeait, s’allongeait, au point de croire que la vie désormais, et pour toujours, c’était ça, cet enfermement dans des baraquements comme des bestiaux en attente. En attente de quoi d’ailleurs ?
A quelques kilomètres de là, tout autour, d’autres camps parsèment la carte : Argelès-sur-mer, Barcarès, Saint-Cyprien. Des camps sont même « installés » (disons plutôt « implantés à la sauvage ») directement sur les plages de la côte vermeille. Les prisonniers creusent le sable pour trouver un peu de chaleur par les nuits d’hiver et se protéger du vent. Le Mémorial honore également la mémoire de ces camps-là dont il ne reste rien.
Ce n’est qu’à la fin des années 90-début 2000 qu’une prise de conscience émerge afin d’endiguer la destruction progressive de ce site, témoin historique d’un pan de notre histoire, qui jusque-là fût laissé à l’abandon. Il est temps alors de sauver les bâtiments qui peuvent être sauvés (pour la plupart ce ne sont que des vestiges, des murs seuls, des toits effondrés,). Le mémorial n’est fini qu’en 2014 et le site s’ouvre enfin au public roussillonnais ignorant ce pan de leur histoire locale.

Références
http://www.memorialcamprivesaltes.eu/
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