« Bon pour la peur pour la mitraille et pour les rats. […] Mais voici se lever le soleil des conscrits. […] Bon par-ci bon par-là Bon bon bon Je pars mes/chers amis Vingt ans Bon pour le service armé ». A l’instar de ce poème d’Aragon chantant la danse macabre des engagés de 1940, on ne compte plus le nombre de chansons qui dénoncent la guerre, les conditions de vie du soldat, ou appellent au pacifisme, mais il y a aussi celles qui parlent du départ, de cet instant vacillant entre enthousiasme de l’engagement et peur de mourir.

Se donner du cœur pour partir (en chœur) :
« Le chant du départ ». Chant révolutionnaire de 1794 (Marie-Joseph Chénier et Mehul) entonné en cœur par les poilus partant pour le front. « La victoire en chantant/Nous ouvre la barrière./La Liberté guide nos pas./Et du Nord au Midi/La trompette guerrière/A sonné l'heure des combats. »

Partir en lutte pour des idées :
« La blanche hermine », 1970. Écrite par le breton Gilles Servat alors qu’il fait la manche dans les rues de Paris, cette chanson devient rapidement un hymne breton inconditionnel de la lutte pour l’identité bretonne.« Où allez-vous camarades avec vos fusils chargés/Nous tendrons des embuscades, viens rejoindre notre armée./Ma mie dit que c'est folie d'aller faire la guerre aux Francs/Mais je dis que c'est folie d'être enchaîné plus longtemps[…]/Et si je meurs à la guerre pourra-t-elle me pardonner/D'avoir préféré ma terre à l'amour qu'elle me donnait. »

Départ des soldats étrangers français pour une guerre qu’ils ne comprennent pas :
« L’iditenté », Têtes raides et Noir désir,2000. « Que Paris est beau quand chante les oiseaux,/Que le Paris est laid quand il se croît français./Avec tous ces champs de tir et tous ces fous du tir,/Y visent pas que les lapins, c'est plus du gros sel c'est des/Tomahawk, des missiles sol-air, ou des Scuds/Et moi avec mon pistolet à bouchons, je pars au front. »

La naïveté et la désillusion :
« Ma petite chérie », Debout sur le zinc, 1999. Cette chanson, sous forme de lettre adressée à la fiancée laissée au pays, raconte toutes les étapes de l’histoire d’un jeune soldat partant pour le front. « Ma petite chérie /Souviens toi je t'ai dis /Après la guerre on se mari […]/J't'écris cette lettre avant l' combat /Pour garder un peu de joie /Prépare tes valises pour demain /Car c'est demain que je reviens […]/Ma petite chérie /C'est de là-haut que je t'écris /La guerre m'a tué, fini la vie /On f'ra pas de maison /Encore moins de poltrons/J'ai presqu' envie de te demander pardon. »

Et, parce qu’il y en a qui reviennent :
« Guerre, guerre, vente, vent », Tri Yann, 2001. « Après sept années de guerre, sept années de bâtiment/Je reviens de Grande Terre, je reviens à Lorient/Je reviens de Grande Terre, Guerre, guerre, vente, vent. »

Références :
Aragon. « La Valse des vingt ans ». Le Crève-coeur. Le Nouveau Crève-coeur. Paris : Gallimard, cop. 1946. 187 p.
Chénier, Marie-Joseph et Mehul. « Le Chant du départ », 1794.
Debout sur le zinc. « Ma petite chérie », Debout sur le zinc. 1999.
Servat, Gilles. « La Blanche hermine », La Blanche hermine. Mercury records, 1971.
Têtes raides. « L’iditenté » (avec Noir désir), 28.05.04. Tôt ou tard, 2004.
Tri Yann. « Guerre, vente, vent », An heol a zo glaz. Marzelle, 1981.
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