« La définition qu’en donne le philosophe John Rawls en 1971 est la suivante : « Un acte public, non-violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener à un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. » (Debouzy). Publié en 1849 par Thoreau, l’essai La Désobéissance civile campe une nouvelle forme d’attitude, non-violente, prise contre le gouvernement pour en révéler les abus. « Il s’agit de désobéir mais dans le respect d’autrui » (Debouzy). Pour Thoreau, c’est par le refus de payer ses impôts à un état esclavagiste et par opposition à la guerre du Mexique.
Les premières occurrences de désobéissance civile voient le jour seulement à partir des années 60 aux États-Unis : mouvements contre la guerre du Vietnam, actes d’insoumission, contre-culture.
Si la France est, à l’instar de son histoire populaire révolutionnaire, connue pour être le pays de l’insoumission, les premières actions de désobéissance civile avérées ne débutent qu’en 1997. 
Auparavant, il y eu bien des actes d’insoumission parmi les anarchistes et les antimilitaristes (notamment ceux qui s’exprimèrent contre la guerre d’Algérie) mais lorsque, en 1997, 66 cinéastes, en réaction à la loi Debré (qui stipule que toute personne hébergeant un étranger doit se signaler à la mairie), signent une pétition révélant publiquement avoir hébergé des étrangers en situation irrégulière chez eux, l’action est revendiquée comme acte de désobéissance civile. Une dizaine de jours plus tard, s’ensuit une manifestation rassemblant 100 000 personnes à Paris. Premier événement de désobéissance civile française car civil, collectif et revendiqué publiquement ; c’est à partir de ce moment que le terme entre dans le vocabulaire français.
Plus récemment, citons l’exemple de ce professeur des écoles, Alain Refalo, qui, en 2008, inspiré par Thoreau, adresse une lettre ouverte à l’Éducation nationale pour revendiquer publiquement son insoumission aux nouvelles réformes du ministère de l’éducation, prises selon lui « dans la plus grande précipitation » et sans concertation avec les « experts du quotidien sur le terrain ». Il dénonce la rétrogradation des programmes scolaires et les inégalités qu’ils sous-tendent entre les différents niveaux d’élèves. Il est rapidement suivi par de nombreux collègues de France pour former un réseau d’insoumission informel.
« L’idée partagée par nombre de désobéisseurs, c’est qu’ils sont dans un système qui les a dépossédés de tout pouvoir. On sait qu’aux États-Unis une proportion importante de citoyens ne vote pas, depuis longtemps. Et l’on voit, avec la hausse de l’abstention, en France, une évolution des comportements qui va dans le même sens. » (Debouzy).

Références

Debouzy, Marianne. La désobéissance civile aux États-Unis et en France. Presses universitaires de Rennes, 2017-03-14T23:00:00.000000+00:00. Ibooks.
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