Extrait
Interviewer
Comment ça se passe pour toi quand tu penses avoir fini un livre ?
Moi-présent
Beaucoup mieux maintenant, merci !
Interviewer
Parce qu’avant, ça se passait mal ?
Moi-ancien
À la fin de Wish you were here, je fais une sorte de déprime. C’est la première fois que je fais l’expérience d’une telle puissance qui enivre et emporte tout, au long de l’écriture.
Moi-présent
Même aujourd’hui, je ne peux pas le relire sans être emportée par le roman.
Moi-ancien
Je vis presque trois ans non-stop la tête dans ce roman, habitée par ses personnages. Ils interrompent fréquemment le cours de mes journées pour me raconter des bouts de leur histoire et je n’ai d’autres choix que d’interrompre ce que je suis en train de faire pour me jeter sur un carnet, un bout de feuille ou ce que j’ai sous la main pour écrire ce qu’ils me disent.
Ça a été ma première expérience de possession.
Moi-présent
Et je crois que je savais déjà que je ne retrouverais plus jamais une telle intensité. Je n’ai pas été habitée de cette façon-là par mes autres romans, même s’ils ont tous été puissants à leur manière.
C’est parce que ça a été également la période de révélation de mon écriture.
Auparavant, j’avais pu écrire par-ci par-là depuis quelques années, je ne m’étais jamais positionnée en tant qu’écrivain. C’était la première fois que je l’assumais.
Mais très vite, un rituel s’est mis en place, et il se répète à chaque fois que je suis sur le point de terminer un roman : un autre livre commence à prendre de plus en plus de place puis rapidement la première, une fois le livre précédent « acté achevé » ou même avant. C’est peut-être une certaine peur du vide, ou simplement parce que, quoi qu’on dise, on n’est pas écrivain sans écrire, et que je suis bel et bien écrivain, alors j’écris.
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