Poème en vers libres, "Au matin" est une description du lever du jour où se mêlent et s’interpénètrent évocation naturelle et évocation industrielle. La description du décor naturel est faite à l’aide de termes propres au jargon industriel dans le but de représenter, par la contamination du vocabulaire, la contamination de la nature par l’industrie.
Car il s’agit bel et bien d’une critique de la part de Van Hoddis : la nature est violentée par les éléments du monde moderne.
Les vers sont brefs. Le monde industriel, dans lequel le soleil est de suie, est celui de la violence, du bruit et de l’hostilité, sans harmonie.
Peu à peu, le poète se détourne de la ville pour se tourner vers la nature et apostrophe le lecteur pour lui proposer de le suivre dans les jouissances de la nature : « plonge », « écoute ». Le poème se fait alors plus bucolique et apaisant. Pour autant, le poète ne fait ici que constater et il ne propose pas de solution pour retrouver la paix naturelle.
Si ce poème fait date dans l’histoire de la littérature expressionniste, c’est avant tout par le jeu subtil d’un vocabulaire détourné de son objet originel, par cette contamination tant par la forme que par le fond.