Jefferson Airplane est sans aucun doute LE groupe psychédélique du Haight Ashbury, quartier qui fut le cœur battant la culture hippie de 1966 à 1969. Ils donnèrent les concerts les plus acides de leur décennie (et peut-être de tous les temps), le LSD tournait plutôt librement parmi la foule venue profiter de leurs light-shows (jeux de lumières psychédéliques projetés dans la salle de concert).
C’est avec la chanson « White rabbit », que Grace Slick, la chanteuse, écrit alors qu’elle joue encore dans un autre groupe, que les Jefferson se font connaître. La chanson crescendo par excellence : le roulement de basse et de caisse claire à peine audible s’accentue peu à peu pour éclater au bout d’une minute, accompagné par le crescendo de la voix claire et vibrante de Slick.
Il était tout naturel pour ce groupe phare de la mouvance hippie, qui vivait en communauté serrée et échangiste à quelques pas de Haight Street, de faire le parallèle avec la mythologie d’Alice au pays des merveilles : champignons, limite vacillante entre rêve et réalité, hallucinations peut-être de lapin blanc, de chenille fumant le narguilé et autres curiosités, de ces curiosités que les « acid takers » pouvaient apercevoir dans leurs cerveaux champignonnés.
La chanson, ainsi que l’autre titre phare des Jefferson « Somebody to love », est devenu l’un des hymnes de ce mouvement de contre-culture san franciscaine, non seulement pour son rythme clairement psyché mais aussi pour le slogan qui reflète les désirs de toute sa génération : « Feed your head ! » (littéralement « Nourris ton cerveau ! ») et les idées fortes du mouvement hip captées en quelques mots : « And the ones [pills] that mother gives you don’t do anything at all” (les pilules que t’a donné ta mère ne te font rien) relayant l’idée que la jeunesse hip se positionne contre la génération précédente, celle de leurs parents, trop castratrice, trop normative, pas assez libre dans son esprit (libération de l’esprit par la drogue) et de son corps (libération sexuelle).
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