Une pièce blanche capitonnée, des jambes de mannequin en déco, une esplanade sillonnée de tours d’immeubles grisâtres et glauques, des yeux fixes khôlés et des vêtements blancs se confondant avec le décor, y’a pas de doute, on est bien chez Kubrick. Le clin d’œil est clair et pleinement assumé : le clip de « The universal » de Blur fait clairement référence à l’une des premières scènes d’Orange mécanique, celle dans laquelle le spectateur fait connaissance avec les druguies et leur boisson sur vitaminée servie aux seins des mannequins-femmes-fontaines.
Les paroles de Damon Albarn parlent d’un futur qui a été soldé au profit du divertissement abrutissant. Voilà notre nouveau siècle, chante-t-il, un futur sans doute tout aussi prometeur que celui que nous a dressé Burgess puis Kubrick. « Ça pourrait vraiment arriver » dit le refrain, ce monde de déchéance pas si futuriste que ça, peut-être ?
En quelques paroles bien cinglantes comme a toujours su le faire Damon Albarn (leader, auteur et chanteur du groupe), « The universal » dresse le portrait d’une société abrutie par le faux et l’intox. Sous ses airs guillerets et ses intonations pop, se cache une chanson engagée, mettant en garde contre la perte de valeurs essentielles : l’hyperconnexion (d’ailleurs, ne sommes-nous pas aujourd’hui en plein dedans…?), l’intoxication par le divertissement qui ne transmet aucun message et ne fait qu’abrutir (idem), etc.
Burgess, années 60, Kubrick, années 70, Blur, années 90, à croire que la société humaine fait encore et toujours face à des problèmes récurrents qui ont pour casquette une certaine déchéance. Mais « Quand les jours semblent t’échapper, laisses-les simplement couler » chante Albarn, demain sera peut-être un jour meilleur.
« The Universal », issu de l’album The great Escape dont toutes les chansons sont reliées par des thèmes communs tels que la solitude et l’apathie, le tout à la sauce nineties, a en tout cas été classée 85ème meilleure chanson britannique de tous les temps par la radio XFM.
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