En trois ans seulement (1966-1969), le mouvement du Flower Power a pris une place historique aux résonances sociales et culturelles sans fin, marquant les années 60 d’un vent de libération et de contre-culture sans précédent.
Cette nouvelle génération s’inspire de quelques livres qu’ils connaissent par cœur : Les Portes de la perception (Aldous Huxley, 1954) sur l’effet des psychotropes, La Désobéissance civile (Henry David Thoreau, 1849) qu’ils remettent au goût du jour, la Beat generation, et surtout le Sur la route de Jack Kerouac (1957). Les Beat ont essentialisé l’expérience comme pierre angulaire de la vie, les hippies poussent l’expérience à l’extrême de toutes les découvertes et de toutes les libertés.
La culture des enfants fleurs, c’est d’abord un enchaînement de manifestations et de rassemblements à une vitesse folle : des love-in et des concerts gratuits dans le Golden Gate Park (en 67 et 68), des happening géants comme le Human Be-in (janvier 67), le festival de Monterey (juin 67), Woodstock (août 69) bien sûr, le festival de l’île de Wight (août 70), aux Etats-Unis, le mai 68 de la France et le festival de La fenêtre rose à Paris, le Printemps de Prague tchèque (janvier 68),…
La musique, dans cet élan social et communautaire, tient bien sûr une place prépondérante avec la bande de Haight Ashbury (quartier hippie de San Francisco) : Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jefferson Airplane, Country Joe & the fish, s’y côtoient tous quotidiennement et plus si affinités... Mais aussi ailleurs aux States avec les Byrds, Love (L.A.), Iron Butterfly (San Diego), toujours quand même dans la zone californienne ou carrément à l’autre bout du pays (NY). Des groupes de rock psyché, il y en a aussi ailleurs dans le monde, tous dans les mêmes années, même s’ils sont plus discrets dans ce que l’Histoire a retenue : The Nice (en Angleterre), Can (Allemagne), Aguaturbia (Chili), Hoï Polloï (Nouvelle Zélande), Gong (Australie), Os Mutantes (Brésil),…
En 69, les Stones organisent un concert géant gratuit et ont la mauvaise idée d’engager la bande de motards des Hells Angels pour le service de sécurité. Leur brutalité crée de nombreuses émeutes, un jeune homme de 18 ans est assassiné par un Hell’s. Cet évènement souffle un vent froid sur l’utopie hippie, c’est le début de son déclin.
De nombreux récits autobiographiques, de toutes nationalités, témoignent de cette époque florale, mais citons surtout le déjà mentionné Hippie hippie shake de Richard Neville, et le road trip hippie du français Alain Dister, Oh hippie days ! (publié en 2001), un journal au jour le jour.
Si on a envie de se replonger dans le mouvement halluciné de ces trois années de peace, on a l’embarras du choix : Woodstock, 3 days of peace (Michael Wadleigh, 1970), Hotel Woodstock (Ang Lee, 2009), pour le délire musical, More (Barbet Schroeder, 1972, B.O. de Pink floyd), pour le trip acidifié, Hair (Milos Forman, 1979), Easy rider (Dennis Hopper, 1969), La vallée (Barbet Schroeder, 1972, B.O. de Pink floyd) qui entrevoient ou dressent les échecs du mouvement. Ce panel a l’avantage de révéler les différentes facettes et nuances de ce mouvement utopiste. Nous avons des leçons à retenir du mouvement hippie, des extrémismes qui l’ont poussé à sa perte, mais de nombreuses valeurs doivent demeurer toujours : liberté, solidarité, paix et musique.
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