Dylan, c’est un son chaud, lyrique, une mélodie et une tonalité qui peut paraître parfois simple voire simpliste (surtout dans ses albums acoustiques où il n’y a quasiment que lui et sa guitare). Pourtant, ses chansons nous transportent dès les premiers accords et une instru hyper travaillée. D’où vient cette patte ?
Pour comprendre, il faut le suivre dans les studios d’enregistrement. Dès les premiers albums, Dylan s’entoure de zikos surtout issus du blues. Au début, les producteurs les convient pour lui, et rapidement c’est lui qui sélectionne et invite les siens, ceux avec lesquels il a un feeling, et ceux aussi qui sont capables de le suivre. 
Parce que Dylan, en studio, c’est un peu le génie fou lâché en son domaine. S’il n’a pas forcément tout en tête dès le début, il donne une pause aux zikos, trouve la compo au piano, les fait revenir et c’est parti. La base, bien sûr, ce sont toujours les paroles, écrites en amont.
Alors, ça fonctionne comme ça : on invite les musiciens pour quelques jours d’enregistrement intensifs (quasiment sans dormir), Dylan se met au piano, chante la prochaine chanson à bosser une seule fois, puis les autres musiciens se raccrochent. Pour jouer avec Dylan, il faut donc une capacité d’adaptation rapide et un sens de l’improvisation.
Il n’y a généralement pas plus de deux prises et pas d’ajout d’instruments ou de voix enregistrés séparément pour rajouter ensuite (overdub). Ce qui perturbera Emmylou Harris sur l’album Desire, puisqu'elle comptait sur une prise de voix isolée. 
Tout doit sortir d’un trait, dans la communion du moment, dans l’intimité du studio qu’on ne quitte pas pendant plusieurs jours, vite transformé en bain bouillonnant musical (avec ses volutes de fumée).
Les zikos qui jouent avec lui, d’abord désarçonnés, se prêtent vite au jeu, et apprécient ce mode de fonctionnement qui laisse à la fois toute liberté et place à la communication intuitive. Enregistrer avec Dylan, c’est une expérience hors du temps et profondément humaine.
Pour l’enregistrement de « Like a Rolling Stone » (une chanson qui faisait à la base 50 couplets), la bande décide dans la nuit, de faire un jeu : chacun change d’instrument, même s’il ne sait pas vraiment en jouer. C’est comme ça que naît la ligne d’orgue signée Al Kooper, guitariste d’origine, et qui finira par rejouer de l’orgue dans d’autres chansons de Dylan.
Parmi les plus assidus aux côtés de Dylan, de grands musiciens: Johnny Cash (un des premiers défenseurs de Dylan dès ses débuts), George Harrison (Beatles), Ron Wood (Rolling Stones), Ramblin’ Jack Elliott, Bruce Langhorne, Mike Bloomfield (grands guitaristes de blues moderne).
L’enregistrement, chez Dylan, est un petit laboratoire d’expériences, pour graver des chansons éternelles.
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