Qui dit arbre dit planter comme L’Homme qui plantait des arbres (Jean Giono, 1954) passant sa vie à planter pour peupler les espaces désertiques de Haute-Provence.
Planter un arbre, c’est donc aussi amener la vie, semer une graine pour que l’arbre grandisse et s’épanouisse, assister à son développement comme dans Il était une forêt (Luc Jacquet, 2013): naissance non pas d’un seul arbre mais de toute une forêt.
Si l’arbre est vie, il peut aussi personnifier la mort. Il est la porte entre le monde des morts et des vivants pour le cavalier sans tête de Sleepy hollow (Tim Burton, 1999). Il est ombre terrifiante cognant à la vitre avant que les morts ne ressortent de la terre dans Poltergeist (Tobe Hooper, 1982). Pour Simone, neuf ans, persuadé que son père s’est réincarné dans L’Arbre (Julie Bertuccelli, 2010), c’est une façon de faire le deuil.
Lui qui parfois apporte la protection à celui qui s’abrite sous ses branches, comme la petite Manon de Les arbres voyagent la nuit (Aude Le Corff, 2013), venant y lire, quand elle ne s’adonne pas à la conversation avec les fourmis, ou pour Brassens regrettant la vie heureuse lorsqu’il vivait « Auprès de mon arbre » (1983) dont il n’aurait jamais dû s’éloigner, l’arbre peut d’autres fois avoir besoin de protection.
C’est aussi alors, pour les sœurs Lisbon cloîtrées (Virgin suicides, Jeffrey Eugenides, 1993), qui protègent leur orme de la tronçonneuse, symbole de leur dernier souffle de liberté.
Car, l’arbre est pour Côme Laverse du Rondeau, dans Le Baron perché (1957), sa façon de prouver le vrai sens de la liberté, lui qui décide de tout plaquer pour passer sa vie dans les hauteurs.
La hauteur, bien sûr. Quoi de plus haut qu’un arbre ? Les buildings, peut-être comme le déplore Maxime Le Forestier en voyant l’arbre aimé être peu à peu encerclé par le béton (« Comme un arbre », 1972). Une empreinte de l’Homme sur l’arbre que l’artiste Giuseppe Pennone illustre dans « Il continuera à grandir sauf à cet endroit » (1968) sous la forme d’une main sculptée enserrant le tronc: voir dans l’écorce la mémoire du temps qui s’incruste.
Les années qui passent aussi, rythmées par l’arbre de noël, un arbre déraciné pour servir de décoration. Mais plus pour très longtemps pour le petit Pascal de L’arbre de noël (Terence Young,1969), dix ans, atteint de leucémie, qui vient mourir à ses pieds. Tout comme le jeune soldat qu’on croit d’abord alangui contre un arbre mais qui est en fait mort dans « Le Dormeur du val » (Rimbaud, 1870).Y mourir peut-être pour y renaître ou servir d’engrais. Peut-être l’arbre et l’Homme finissent-ils par ne faire plus qu’un comme dans le tableau de Magritte, « Le domaine enchanté » (1953), ce visage apparaissant dans un arbre.
Un arbre qui représente l’immobilisme de l’Homme dans la chanson de Debout sur le zinc, « L’arbre » (De Charybde en Scylla, 2008) : « les pieds comme attachés, les bras qui fendent l’air, dois-je avouer ce que je cache ? ».
Back to Top