Fragmentez est sans doute le livre qui me ressemble le mieux à ce jour. Pas seulement parce que c’est le bordel. Pas seulement parce que j’y emploie le « je » (qui peut être utilisé pour parler de tellement de choses à part soi). Pas seulement parce qu’il est agglomérat de certaines de mes pensées fugitives captées sur l’instant. Pas non plus seulement parce qu’il est en fragments. Mais tout simplement parce qu’il n’est pas une fiction.
J’ai beau disséminer dans mes romans, volontairement ou non, certains pans infimes de moi: dès l’instant qu’ils sont sur le papier, ils appartiennent à la fiction.
Mais là, dans ce livre-là, il n’était plus question de prendre appui sur des fragments de réels pour faire parler l’imaginaire.
Ça fait du bien aussi, parfois, d’écrire quelque chose qui a vraiment eu lieu, et, parce que pour l’écrivain ce qui a vraiment eu lieu c’est ça, l’écriture, ça fait du bien aussi de parler un peu de soi, de se dévoiler, à travers un autre…
Vous verrez ce que je veux dire.
Je pourrais composer mon journal intime exclusivement à partir de fragments d’autres journaux intimes. Ce ne serait là que le reflet de mon habitude de parler par citations. (Alberto Manguel. Journal d’un lecteur. p.137)
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